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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 17:52
       Anthologie d'ouvrages disponibles en français. (Editions (Edilivre, Paris, 2017)

Anthologie d'ouvrages disponibles en français. (Editions (Edilivre, Paris, 2017)

   Cette anthologie est constituée d’une sélection de commentaires à propos  d’œuvres marquantes modernes, traduites et publiées en France[1] depuis le début de ce siècle et qui sont, par conséquent, accessibles au public francophone. Contrairement aux anthologies de la poésie arabe, rares sont les anthologies de textes littéraires en prose. La nôtre se veut un reflet de la diversité littéraire d’aujourd’hui, et en même temps, une  passerelle entre les formes d’expression susceptibles de mettre en relief un tant soit peu ce fabuleux trésor encore enfoui sous terre, qu’est la littérature arabe.

   A vrai dire, ce souci sous-tend tout  notre travail. Ainsi, pour nous, la ‘Nahda’ ou Renaissance, initiée par les réformistes arabes, n’implique ni une ‘tabula rasa’, ni une simple transposition par les acteurs locaux du modèle venu d’ailleurs. Elle  implique plutôt l’existence de multiples racines enfouies dans le monde de la tradition. Et ce phénomène, cette prise de conscience, à son tour, n’implique aucun paradoxe, car les rapports entre modernité et tradition restent ambigus, voire conflictuels. En effet, qui dicte la norme? Qui décide de ce qui est moderne et de ce qui est traditionnel ? N’est-ce pas celui-là même qui détient le pouvoir, en d’autres termes les puissances dominantes du moment?

   Si, aujourd’hui, pour expliquer par exemple l’apparition du théâtre dans le monde arabe on ne parle plus de ‘tabula rasa’ ou de transposition mais de divergence d’évolution, c’est parce qu’il existe désormais une pensée libératrice qui se fonde sur une épistémé différente. En effet, les manifestations théâtrales, par exemple, ont toujours existé dans les pays arabes car que sont donc la pantomime du ‘karagouz’, le jeu des marionnettes du ‘khayel all dhal’, les ‘maquamât’, le ‘zajal’ et les ‘halaqua’ maghrébines avec leurs ‘aissaoua’, ‘gnaoua’ et autres charmeurs de serpents ? Que représentent ces conteurs comme le ‘hakawati’ syrien, le ‘goual’ algérien, le ‘lazzam’ tunisien, le ‘maddah’ ou encore ‘l’immediazen’ marocain? Et la traditionnelle ‘ta’zieh’ ne rappelle-t-elle pas, par ses origines religieuses, les mystères et les miracles du Moyen Âge?

 Il  est difficile certes, d’opérer un retour dans le passé pour suivre la genèse de l’identité collective arabe et son cheminement à travers les siècles. Ce qui aurait eu, évidemment, le mérite d’offrir au lecteur occidental des clefs pour jauger ce qui peut l’être et tenter de comprendre ces multiples prismes culturels au travers desquels les romanciers arabes se perçoivent et perçoivent le monde. Pour autant, cet ouvrage ne néglige pas l’arrière-plan des œuvres étudiées. Il ne dissocie pas le roman de la vie quotidienne dont il est le reflet, voire l’émanation. Succinctement, il rend compte, à travers les commentaires, de la perception de soi et du monde, initiée par les romanciers réformistes et la dynamique adoptée face à l’histoire et aux conceptions modernistes de l’Occident.

 

[1] Tous les romans étudiés dans cet ouvrage ont été publiés par les Editions Sindbad Actes/Sud à l’exception, Youssef et le palais des chagrins, Contes d’Arabie saoudite, de Lamia Baeshen, publié par  L’Harmattan

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